08/04/2011
Jean-Marie Straub: une rétrospective (4)
L’inconsolable
Comment entrer dans un film de(s) Straub ? Question inutile pour ceux qui ignorent ce cinéma, question fondamentale pour ceux qui ont entrouvert la porte et ont goûté à ce plaisir comme on entre dans une œuvre littéraire, musicale, un tableau.
En réalité on entre bien dans le film, dans la profondeur des images. On peut, au fond, y entrer sans bagage, à peine doit-on avoir quelque expérience de la vie.
Intimidé par les contraintes (sans rachâcher), on peut éventuellement y buter avec nos habitudes trop scolaires : tout bien voir, écouter, comprendre, ce qui peut être vain et nous éloigne du plaisir.
Trop paresseux, on peut aussi abandonner tout effort lorsque le film n’est pas conforme à nos habitudes de spectateur : relâchement, abandon fatal qui ne peuvent que réjouir nos habituels prescripteurs de cinéma.
Entrer dans le film… A propos du son monophonique dans les films des Straub, Jacques Drillon relevait que ce refus de la stéréo (ne parlons même pas des effets « intergalactiques » d’un certain cinéma d’aujourd’hui), n’était pas un refus du relief sonore : le son se trouve dans l’image, sa profondeur est celle de l’image. Si Gustav Leonhardt joue au fond de l’image, on l’entend jouer dans le fond de l’image.
Au fil de la rétrospective et des films projetés apparaît cette impression de spectateur que dans le film tout est posé là, dans l’image, sans sous-entendu, sans effet, avec intégrité, avec un soin extrême qui ne supporte aucune défaillance de la qualité de projection. Chaque image du film (et elles ne sont jamais nombreuses) propose tout le film. Chaque image est Straub.
Mais ne donnons pas prise à ce procès d’intention qui consiste à présenter le cinéma de Straub comme sectaire, réservé à un petit nombre d’initiés (de fanatiques). C’est une erreur totale (ou une malveillance).
Entrer dans le film : ni son stéréophonique, ni hors-champ ? Alors comme pour un tableau : ni hors-cadre. L’image rassemble, concentre tout à la fois le visuel et le sonore. Elle peut être lue par couches successives, entrelacées, dans une sorte de profondeur (qui n’a rien à voir avec une profondeur de champ qui n’est après-tout qu’un effet). Elle peut être lue librement dans l’espace de l’écran, pas plus, pas moins.
L’Inconsolable est Jean-Marie Straub, tant le choix du texte de Pavese lui ressemble aujourd’hui. Pas plus de cinq plans différents dans tout le film, pas plus de cinq images pour signifier qu’il poursuit l’aventure.
… et l’on ne parle pas assez des actrices et des acteurs qui prêtent leurs corps et leur voix…
Clap de fin
Comment entrer dans un film de(s) Straub ? Question inutile pour ceux qui ignorent ce cinéma, question fondamentale pour ceux qui ont entrouvert la porte et ont goûté à ce plaisir comme on entre dans une œuvre littéraire, musicale, un tableau.
En réalité on entre bien dans le film, dans la profondeur des images. On peut, au fond, y entrer sans bagage, à peine doit-on avoir quelque expérience de la vie.
Intimidé par les contraintes (sans rachâcher), on peut éventuellement y buter avec nos habitudes trop scolaires : tout bien voir, écouter, comprendre, ce qui peut être vain et nous éloigne du plaisir.
Trop paresseux, on peut aussi abandonner tout effort lorsque le film n’est pas conforme à nos habitudes de spectateur : relâchement, abandon fatal qui ne peuvent que réjouir nos habituels prescripteurs de cinéma.
Entrer dans le film… A propos du son monophonique dans les films des Straub, Jacques Drillon relevait que ce refus de la stéréo (ne parlons même pas des effets « intergalactiques » d’un certain cinéma d’aujourd’hui), n’était pas un refus du relief sonore : le son se trouve dans l’image, sa profondeur est celle de l’image. Si Gustav Leonhardt joue au fond de l’image, on l’entend jouer dans le fond de l’image.
Au fil de la rétrospective et des films projetés apparaît cette impression de spectateur que dans le film tout est posé là, dans l’image, sans sous-entendu, sans effet, avec intégrité, avec un soin extrême qui ne supporte aucune défaillance de la qualité de projection. Chaque image du film (et elles ne sont jamais nombreuses) propose tout le film. Chaque image est Straub.
Mais ne donnons pas prise à ce procès d’intention qui consiste à présenter le cinéma de Straub comme sectaire, réservé à un petit nombre d’initiés (de fanatiques). C’est une erreur totale (ou une malveillance).
Entrer dans le film : ni son stéréophonique, ni hors-champ ? Alors comme pour un tableau : ni hors-cadre. L’image rassemble, concentre tout à la fois le visuel et le sonore. Elle peut être lue par couches successives, entrelacées, dans une sorte de profondeur (qui n’a rien à voir avec une profondeur de champ qui n’est après-tout qu’un effet). Elle peut être lue librement dans l’espace de l’écran, pas plus, pas moins.
L’Inconsolable est Jean-Marie Straub, tant le choix du texte de Pavese lui ressemble aujourd’hui. Pas plus de cinq plans différents dans tout le film, pas plus de cinq images pour signifier qu’il poursuit l’aventure.
… et l’on ne parle pas assez des actrices et des acteurs qui prêtent leurs corps et leur voix…
Clap de fin
22:26 Publié dans cinéma, vu d'ici | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-marie straub, metz, l'inconsolable
31/03/2011
Jean-Marie Straub: une rétrospective (3)
La rétrospective Straub/Huillet se poursuit et se termine ces vendredi, samedi et dimanche à Metz avec le thème Modernes/classiques ? Projections de Cézanne, Othon, Noir péché, Le genou d’Artémide, Le Streghe, L’inconsolable (en avant première, avec Jean-Marie Straub) et Une visite au Louvre.
Débat samedi à 16h30 avec Olivier et Benoît Goetz, Jean-Marc Leveratto et David Faroult. Dimanche à 17h30, conférence de Pierre-Damien Huyghe.
Retour en images sur les dernières rencontres (sans commentaires pour le moment).
concert de Gustav Leonhardt à l'Arsenal (samedi 26 mars)
Jean-Marie Straub et Gustav Leonhardt après le concert
dimanche 27 mars: débat avec Benoît Turquety, Leon Garcia Jordan, Philippe Lafosse, Renato Berta et Jacques Drillon
Débat samedi à 16h30 avec Olivier et Benoît Goetz, Jean-Marc Leveratto et David Faroult. Dimanche à 17h30, conférence de Pierre-Damien Huyghe.
Retour en images sur les dernières rencontres (sans commentaires pour le moment).
concert de Gustav Leonhardt à l'Arsenal (samedi 26 mars)
Jean-Marie Straub et Gustav Leonhardt après le concert
dimanche 27 mars: débat avec Benoît Turquety, Leon Garcia Jordan, Philippe Lafosse, Renato Berta et Jacques Drillon
21:45 Publié dans cinéma, vu d'ici | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean-marie straub, metz, gustav leonhardt, jacques drillon, benoît turquety, philippe lafosse, renato berta, leon garcia jordan
26/03/2011
Jean-Marie Straub: une rétrospective (2)
Musiques et voix... Le troisième temps fort de la rétrospective a débuté jeudi 24 mars avec la projection de Moïse et Aaron à l'Opéra-Théâtre de Metz. Vendredi, Du jour au lendemain et Chronique d'Anna Magdalena Bach au Centre Pompidou-Metz.
Jacques Drillon et François Narboni étaient présents au débat après Chronique. Comme toujours avec jean-Marie Straub, l'imprévu prévaut! Retournement de situation lorsque JMS présenta lui-même Jacques Drillon.
Débat brillant, empathique, et JMS du fond de la salle ajoutant son point de vue, corrigeant une date.
Extrait de l'intervention de Jacques Drillon, à propos de la musique dans Chronique d'Anna Magdalena Bach:
Puis une petite balade en ville pour les proches, vers chez Paola qui nous accueillait.
Rue Gambetta: JMS a fait ses armes de cinéphile au Royal au début des années cinquante. Un cinéma qui abritait les ciné-clubs de la ville, dont la Chambre Noire où, étudiant, il intervenait.
Jacques Drillon et François Narboni étaient présents au débat après Chronique. Comme toujours avec jean-Marie Straub, l'imprévu prévaut! Retournement de situation lorsque JMS présenta lui-même Jacques Drillon.
Débat brillant, empathique, et JMS du fond de la salle ajoutant son point de vue, corrigeant une date.
Extrait de l'intervention de Jacques Drillon, à propos de la musique dans Chronique d'Anna Magdalena Bach:
Puis une petite balade en ville pour les proches, vers chez Paola qui nous accueillait.
Rue Gambetta: JMS a fait ses armes de cinéphile au Royal au début des années cinquante. Un cinéma qui abritait les ciné-clubs de la ville, dont la Chambre Noire où, étudiant, il intervenait.
12:15 Publié dans cinéma, vu d'ici | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-marie straub, metz, rétrospective, jacques drillon, françois narboni