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28/01/2015

Auschwitz-Birkenau, 70 ans, retour avec Marceline Loridan-Ivens

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Le 11 novembre dernier, Marceline Loridan-Ivens nous avait reçus, un ami et moi, chez elle à Paris pour la préparation d'une séance de projection du son film Une histoire de vent, co-réalisé en 1988 avec son mari Joris Ivens (dont cela sera le dernier film).

Nous étions venus chercher les bobines du film en 35 mm (oui, cela existe encore!) et enregistrer une interview en vidéo de Marceline pour une présentation du film au cinéma Caméo-Ariel de Metz (oui, cela existe, pour quelques temps encore!)

Elle nous avait fait part alors de son inquiétude face à l'antisémitisme montant ("On criait mort aux juifs en juillet dernier, dans les rues de Paris") . Elle qui exprimait déjà magnifiquement sa liberté et son énergie dans Chronique d'un été, réalisé en 1960 par Jean Rouch et Edgar Morin et dans lequel elle explique à des étudiants pourquoi elle porte gravé sur son bras un numéro matricule ("Ce n'est pas mon numéro de téléphone"), elle était touchée par ce retour de l'antisémitisme, aujourd'hui.

C'était pour elle une vraie douleur et j'imagine ce qu'elle a du ressentir lors des tragiques événements de ce mois de janvier.

Dans son bureau, nous nous sommes arrêtés devant sa collection de "petits morts", figurines mexicaines aux têtes de morts, mariés, femmes élégantes, enfants, ... et sa clinique du docteur Mengele, composition toute personnelle de ces figurines dans une petite boîte en bois, salle d'hôpital reconstituée, ... tout cela exposé avec ce sourire et cette vitalité qui sont les siens.

La vie même, conjurant l'angoisse et le souvenir de ces années qu'elle a passées à Auschwitz à l'âge de 14 ans, voyant mourir son père et sa famille. Marceline bien vivante, belle, active et n'oubliant rien.

Voici la vidéo réalisée lors de notre visite (avec l'autorisation de Marceline Loridan):

07/01/2015

Je suis Charlie

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19/12/2014

Etude de cas

La chaîne Kinepolis (que le public n'entend pas, pour l'instant, dans ce scandale qu'est l'attribution du monopole de distribution cinématographique pour la ville de Metz et sa région), commence à remuer un peu en achetant des encarts publicitaires dans le journal local .

Voyez cette vidéo publicitaire qui présente exactement les mêmes arguments que la publicité "papier":

Petite analyse de ce que représente le cinéma pour Kinepolis.

Un titre: Pour vous, nous réinventons le cinéma. C'est par une confusion linguistique qu'on attire le chaland: le cinéma, cela peut être la salle de cinéma comme cela peut être le cinéma lui-même, c'est-à-dire le film. Kinepolis ne peut pas réinventer le cinéma (qui se porte très bien sans lui), mais à la rigueur les conditions de confort de ses salles - et, passant, le pouvoir exorbitant de privilégier des films au détriment d'autres en exerçant un monopole-.

Des arguments:

Nous avons créé la place réservée au cinéma et nous avons fait disparaître les files d'attente. Soit, les caisses sont automatiques, il suffit de passer sa carte bleue, débitée aussitôt de 11€. Cependant, il aura fallu garer sa voiture (indispensable pour arriver jusque là), peut-être faire face aux embouteillages, au moins aux embarras de la circulation.

Nous cuisinons chaque jour un vrai pop-corn maison. Boum! Ça c'est imparable! Ce n'est pas encore bio, mais ça viendra. Mais pourquoi ne pas respecter ceux qui, comme moi, ne supportent pas un voisin qui mâche, fait des bruits de déglutition, s'abreuve goulûment. Comment un tel argument peut prétendre participer à une réinvention du cinéma?

Nous avons conçu des fauteuils plus grands, plus larges, plus confortables et équipés de doubles accoudoirs. Alors là je dis bravo! Ça justifie pleinement le prix de la séance. Mais remarquez, j'aurais pu rester chez moi devant mon écran plat 117cm et un film en vidéo à la demande. Seul, c'est quand même mieux pour des sensations encore plus fortes. Pourquoi continuer à aller au cinéma?

Nous avons doté nos salles de systèmes de son et d'image d'une qualité exceptionnelle. Voilà la réponse! Bien sûr, c'est indéniable, la qualité visuelle et sonore est là. Une qualité au service d'un certain cinéma, celui des blockbusters, des montages à un plan toutes les deux secondes, des explosions et de la violence visuelle et sonore, un cinéma, effectivement, encore plus fort en sensations. Cette surenchère, c'est également celle du déraisonnable développement commercial des périphéries, de ce massacre perpétuel des enseignes entre elles. Cette surenchère détruit plus qu'elle ne construit. Elle est opposée au sensible, à la nuance et à l'éducation. Elle est opposée à une culture du cinéma.

Là se pose un choix de société. Le monopole, a déclaré Jean-Marie Straub (qui fait du cinéma qu'on ne verra jamais à Kinepolis), c'est le début de la barbarie.

Si l'on accepte le monopole de la distribution cinématographique, c'est comme si l'on donnait à une seule chaîne de supermarché toute la distribution des biens de consommation, c'est comme si l'on n'avait qu'une seule librairie dans la ville, c'est comme si l'on n'avait qu'un seul parti politique.

C'est comme s'il n'y avait qu'un seul livre à lire, toujours le même.